Coercition inversée, Sarko arrêté, Micky est-ce pour bientôt ? par Jean Willer Marius
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans doivent reconnaître. Pardonnez l’anachronisme, je suis chanteur dans mes heures. Jetons nos masques car, qui feint ignorer aujourd’hui que : quand la France éternue, Haïti a la coqueluche, est menteur.
En effet mardi dernier, le spectre de Kadhafi est revenu hanté chez le moine girondin. La nuit de Sarkozy, ancien président français en est témoin. Il a, parait-il, oublié de recourir, comme celui de chez tonton, au vèvè de l’exorciste haïtien, lequel, réputé excellent dans l’art de camoufler l’exaction du bandit légal. Ils zombifient à souhait un peuple affamé. Sarko doit entre autres forfaits, répondre aux questions de juges d’instruction sur l’affaire de l’argent libyen qui aurait financé sa campagne, de 2007. Doyen en attente, une ruse de plus, il crie : oh! Scandale, oh! Persécution politique. Il croit s’échapper ainsi au courroux de la dame aux yeux bandés, grande défenderesse de sans-culottes. Affaire à suivre.
Depuis un certain temps, le « vantardise » – dont on pourrait dire comme Karl Klaus parlant de la psychanalyse, qu’il est « une maladie qui se prend pour un remède » – est devenu la fièvre tant répandue en Haïti. Elle ravive depuis peu par l’avènement de cette classe de politiciens haïtiens royalistes. Si Sarko rejette d’un revers de main, avoir reçu ab ovo de l’argent du maréchal qui aurait succombé sous les armes de la 5e république, Micky clame haut et fort sur les ondes de la radio : « Oui nous avons volé l’argent de PetroCaribe mais nous ne sommes pas les seuls ». Et notre simple d’esprit intervient : mais s’il affirme avoir volé l’argent que les moins de vingt ans vont devoir rembourser, pourquoi ne l’arrête-t-on pas devant ce fatum ? Serait-ce le fait que nous vivions dans une telle autarcie que le voleur clame ses forfaits à l’oreille du commissaire devenu sourd, subitement ? Occupé qu’il soit peut-être, comme Pénélope, à fixer une nouvelle date pour aller mener l’enquête à la vraie-cité-des-bananes ? Hélas oui, il a sous les bras l’affaire Jean Jackson Michel. Après six rendez-vous par lui convoqués et par lui révoqués in re.
Septembre 2007, date à retenir pour avoir marqué l’entrée en vigueur du programme PetroCaribe, donc mimy n’est pas le seul coupable. Son prédécesseur pourrait aussi bien avoir à en répondre … si la mort n’eût prévalu.
Le patriote haïtien croit encore que son pays sortira de ce gouffre. Bientôt, une nouvelle ère de prospérité luira pour ce peuple au passé extraordinaire. Et, comme ce grand pays, Haïti redeviendra un lieu où il fera bon de vivre… Mais ce n’est pas parce qu’un pays est riche et développé que les droits des citoyens sont respectés au contraire, c’est quand on commence à respecter les droits des citoyens que le pays devient riche et développé.
La justice élève une nation lit-on sur le tableau noir où nos chers maîtres éduquent nos enfants avec un salaire de moins de deux dollars par jour… Tant et aussi longtemps que la justice est assagie par les sautes d’humeur du président, notre pays restera une savane où le bandit légal circulera librement attendant d’être « président ». Où, les prisons regorgent de prisonniers politiques, construites par l’esprit de la coercition. Et où, à notre honte, les économistes ne peuvent expliquer comment fait le père de famille pour vivre avec cette pitance quand les richesses de son pays suivent un parcours sinueux et clanique… Ne sommes-nous pas tous fils de Dessalines ?
Arrêtons l’indécence !
l’original de cet article se trouve en P.9 de la version PDF de l’édition courante de l’hebdomadaire Haïti Observateur et à cette adresse : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/03/H-O-28-mars-2018.pdf