Lettre Responsive à Clarens Renois : Salut Clarens Renois

Lettre Responsive à Clarens Renois

  • Salut Clarens Renois,

Je t’écris dans la foulée de ta récente adresse à la Nation, ne t’étonne pas de la familiarité, car le jour où tu as décidé d’essayer de devenir mon président, c’est-à-dire le garant de l’avenir de mes enfants, puisque ma génération n’en a plus, tu as fait le choix de lier ta destinée à celle d’un peuple aux abois, de t’identifier à leur misère vue sue et connue. J’ose tellement plus loin que ceux qui me croyaient exclusivement adventiste sans la République, bien que ce soit un autre dossier. C’est bien de prendre position pour le 17-oct et de soutenir le petro challengeur, mais le pays attend beaucoup plus de toi à ce énième tournant révolutionnaire décisif, mais non expéditif, de son histoire.

Je t’ai rencontré de visu au-delà de cette lettre, au parc historique canne-à-sucre tandis que tu étais en conjonction avec les officiels du gouvernement, en 2011. Je t’ai alors félicité du prestigieux parcours journalistique et de ses lauriers. Hier, ma déception a été grande. La tienne je crois, en face de valnuma en ce fameux mois d’août 2015 lorsque, écoutant en boucle ton message à la nation, je constate que le journaliste a pris le dessus sur le politique. Deux semaines auparavant, tu recevais général Valery à l’émission Vision-2000 à l’écoute, c’était évident que ce n’était pas un retour au micro. Quel est alors ce reportage malgré de bonnes factures qui rejailli comme message à la nation, n’avons-nous pas assez de journalistes bons ou mauvais au pays, pour dresser le portrait de notre laideur ?

En fait, tu te paies le luxe de rêver ; notre peuple vit sa misère en plein jour. Crains-tu la prochaine échéance ? Un leader n’expose pas sa peur, il se pose en icône, défie même la vie périlleuse. Haïti vogue comme le bateau sans gouvernail. S’écroule du brasier aux foyers multiples, Clarens se mettra-t-il dans la peau du capitaine pompier ? Le pays est ingouvernable. Es-tu à te lamenter, à faire de la poésie ou à te revêtir de l’étoffe du leader fédérateur pour unir les Haïtiens ? Rêve des rênes de ce pays ! Le clan rose et consort qui ont transformé mon pays en un pays de canards, acteurs commanditaires de toutes les exactions dans l’ile, sont en fin de règne, la Petro jeunesse apportant un souffle nouveau sur Haïti. Tout politicien a implicitement quelque chose à se reprocher dans le tas de scandales qui secoue déchire le tissu social du pays, ces dix dernières années. Tu as su garder les mains propres, refusant postes et concessions pour demeurer ce spécimen d’une espèce très rare d’honnêtes hommes politiques de ce pays. Hormis la manie de te dicter ta conduite, je te conseille de ranger ce style de parler « zuzu » hérité hélas de métrofolie, de pondre le discours haïtien, c’est-à-dire franc, musclé. De prendre en main ta destinée. Celle du pays. Le leader ne se plaint pas il propose un projet de société, multiplie les disciples. Tu peux faire le grand saut, je suis tenté de dire : tu dois le faire, meublé de ta crédibilité comme garantie !

Au-delà de toute considération, le pays fait surtout face à une crise d’hommes, et feu le professeur Manigat s’indignerait sûrement de l’étoffe de son actuel successeur (RDNP), l’opposition et le pouvoir s’enlisent dans une petro magouille, nous avons donc besoin du leader à la main propre pour nous tenir debout sur l’adoquin, le 17-oct prochain quand tous les filous en bonne santé ou sous l’effet du vertige se sauvent, laissant tijov, seul, dans la mare aux sangsues. L’intellectuel haïtien a ceci de particulier : il ne se met pas à l’écoute de l’autre. Sinon, tu t’identifierais aisément dans l’article que j’ai publié, le 5-sept dernier sur International Diplomat, intitulé : Fier de la petro jeunesse, mais qui seront les vrais bénéficiaires du petro challenge ?

J’ai la nostalgie d’entendre parler un Président, le vrai. Sur mon île bien-aimée. Je ne veux plus avoir à m’inquiéter de commentaires de mon ami francophone chaque fois que mon chef va prendre la parole, ou l’audit est prévu. La petro jeunesse et les lavas ont besoin d’un vrai leader propre et sans méprise pour confier le fruit de leurs efforts. Ne les déçoit pas M. Renois.

Civilités !


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