Haïti : Une Voyoucratie s’Installe à Deux Heures de Vol des Champions de la Démocratie Par Jean Willer Marius
S’il ne satisfait pas dans leur globalité toutes les caractéristiques de l’État voyou, vu qu’il ne fait pas dans le terrorisme international et la course au nucléaire. Haïti, dans ses pratiques économiques flibustes, la violation systématique de tous les droits de l’homme et la maltraitance de sa population, s’érige en un État voyou et défie ouvertement les accords et conventions signés comme gage du respect du citoyen et du bien vivre.
La sonnette d’alarme a été tirée à plusieurs reprises pour tenter d’endiguer le déferlement de l’arbitraire, bloquer l’allure dangereuse des dirigeants corrompus et versés, de jour comme de nuit, dans toutes les espèces de coups tordus. Nos démarches sont demeurées lettre morte à cause que nos interlocuteurs, champions de la démocratie, se basent peut-être sur le fait qu’un mandat constitutionnel doit être respecté. Mais qu’en est-il d’un mandat acquis à coups de millions volés ? De bulletins de vote fabriqués dans les laboratoires du parti au pouvoir ? Un mandat acquis aux bons soins de sola, dénoncé publiquement par les candidats et le président du conseil électoral d’alors ? Doit-on continuer à le soutenir contre la volonté de la grande majorité ?
Et pour asseoir ce mandat acquis inconstitutionnellement, le gouvernement se livre à des excès inouïs : Massacre de la population à la saline, matraquage des opposants partout dans le pays, prolifération des bandits dont la protection et le sauvetage sont assurés par les officiels du gouvernement pour qui ils travaillent, blocage du système judiciaire par le maintien en place du commissionnaire du gouvernement, clamé, accusé de non assistance à personne en danger par les avocats. La liste est longue, mais deux faits, de par leur similitude, sortent du lot.
Depuis tantôt deux mois, le dossier de la cargaison d’armes de Saint-Marc fait la une de l’actualité, la population est restée ébahie devant l’arrestation de l’ancien DG de la PNH sur l’ordre du juge d’instruction Dieunel Lumérant. Le bruit courait que le chef de la sécurité du palais national, le bras armé du régime torpilleur, son exécuteur des hautes œuvres fait lui aussi objet d’un mandat d’amener suite à son refus de se présenter à une convocation du juge pour répondre de ses implications dans l’affaire de la cargaison d’armes illégales saisie à Saint-Marc en 2016, et il continue, mine de rien, de vaquer à ses occupations favorites qui consistent à réprimer les manifestations populaires organisées pour réclamer des comptes aux dilapidateurs des fonds Petrocaribe destinés au développement du pays, et à chaque fois, le sol est jonché de cadavres et le dernier rapport du CE-JILAP fait état de 207 morts par balles en deux mois seulement sous la juridiction de M. pas raison. Dans la nuit du 29 au 30 novembre 2018 une fusillade a eu lieu au domicile du juge en charge de l’enquête à Saint-Marc. Sa maison a été criblée de balles et les fenêtres de sa chambre ont été visées. Sommes-nous en droit de demander à qui profite le crime ? Et pourquoi a-t-il fallu cet attentat contre la vie du juge pour que le premier citoyen de l’État voyou se démarque douloureusement de son sbire en restant toujours attaché à léonard, son patron, recherché activement par la police pour voie de fait suivi de coups et blessures sur la mairesse de Tabarre, sa concubine ? M. Pas raison parait-il, a pu passer à travers les mailles du filet défiant ainsi Interpol et l’invitant à une course poursuite.
Nous venons tout juste d’apprendre que le 41e président des États-Unis, Georges H. W. Bush, s’est éteint à l’âge mémorable de 94 ans, paix à son âme. L’haïtien de nos jours, guetté par tous les malheurs ne sait espérer tant.
L’autre fait se déroule dans le vécu haïtien et témoigne de l’omniprésence du danger un peu partout en Haïti. Comme toutes les plaintes demeurées sans suite au pays des canards, le professeur de philosophie Lacroix Jeffers Pierre De Dieu-seul, secrétaire général du Corps des professeurs militants indépendants et non-syndiqués (Corps Promis) a porté plainte contre le directeur du lycée Alexandre Pétion, M. Mathurin Nicolas, comme auteur intellectuel de l’attentat dont il a été victime, le 1er octobre 2018 dans l’enceinte même du lycée où il a été battu par deux individus non identifiés et laissé pour mort. En conséquence, le mardi 27 novembre 2018 aux environs de 9h du soir, revenant d’une réunion du Corps promis après avoir été cherché le procès-verbal des évènements du 1er octobre avec des collègues, membres du même corps qui ne voulaient pas le laisser y aller seul, entre autres Me Evens St Jacques et Me Jean Claude Destin Cador, la voiture et ses occupants a été criblée de balles par des individus armés non identifiés, si les occupants avaient eu la vie sauve, ce ne fut pas le cas pour des passants ayant été pris dans les feux croisés suivant un rapport d’enquête signé du greffier Dupas Lucson officiant pour le suppléant juge de paix de la commune de carrefour, Me Frantz Merentus dépêchés sur les lieux pour effectuer le constat. Notons que M. Cador, sociologue de profession, travaille comme professeur de sciences sociales au lycée National de la saline, dont la construction a été financée en 2009 par USAID, haut lieu du massacre du 13 novembre 2018, qualifié de crime d’État du fait que les assaillants arboraient l’uniforme du BOID et circulaient à bord d’un véhicule affecté à ce même corps, où plusieurs dizaines de personnes ont été massacrées et leurs cadavres éparpillés sur des tas d’immondices, des femmes et des mineures violées et pas moins de 150 maisonnettes détruites suivant un rapport de la RNDDH.
La question à un million revient, sempiternelle. Quel crime avions-nous commis pour mériter de vivre dans de telles situations ?
Comme les ambassades des grandes démocraties limitrophes qui conseillent à leurs concitoyens d’éviter de se rendre en Haïti alors qu’elles continuent de déporter les migrants refoulés vers cette destination, nous demandons aussi à nos compatriotes d’éviter de se rendre là-bas pour des raisons non essentielles à moins d’y être contraints.
Y a-t-il des vies supérieures à d’autres ? Ma conviction est faite là-dessus : ma vie ne vaut pas une vie.
Et la vôtre ?