En désertant le pays. En fuyant Haïti. En s’expatriant. Et en nous comportant comme des lâches, plume et plumeau à la main, ne sommes-nous pas tous coupables des maux du pays ? Par Fritzberg Daléus
Se détruire mutuellement aujourd’hui dans toutes les sphères et domaines de notre société, est devenu la norme. Quand la vie d’autrui ne vaut rien à nos yeux pleutres ou complices, et que les intérêts mesquins de certains sont menacés. Pudiques et sensibles que nous fûmes aux valeurs morales, il y a de cela des lustres, à ce que nous sommes devenus à l’heure actuelle comme étant la risée du monde. Car, hélas, notre réalité n’a quasiment pas d’égale, ni de nuances; vu qu’elle a fait la transition sans effectuer d’escales, en excellant dans des escalades trop périlleuses, en guise de frôler les différentes couleurs de l’Arc-en-ciel qu’elle s’était toujours souhaitées depuis notre indépendance. Et voilà la résultante manichéenne qu’elle brandit, actuellement aux yeux du monde entier, en dépit du rêve et des sacrifices consentis de nos Aïeux !
Compte-tenu de cette réalité, nul ne peut se prétendre étonner de ce qui nous est arrivé/survenu. »Jan chèche, Jan twouve! », ce qui se parodie en : »On récolte, ce qu’on a semé! ». Ainsi va la vie en Haïti, ce qui finit par se résulter en » République-de-bananes »/une société en »Banqueroute ». Mais pour être honnête et capable de juger avec une lucidité d’à point ou conjoncturelle, résumons la problématique haïtienne, via cette pensée philosophique qui se lit comme suit : »Tant va la cruche à l’eau, à la fin elle se casse! », selon Lafontaine.
Sans toutefois être pour autant violent, ni vindicatif, voilà ce que j’ai toujours souhaité pour Haïti, voire mille fois le répéter à mes ami-e-s correspondants afin qu’ils puissent sans cesse le ruminer. Chemin faisant, l’eau finira par aboutir dans le vase-communicant et nous apportera, probablement, la délivrance ! Car, »Se fè ki koupe fè! », proverbe créole équivalent de : »Aux maladies chroniques ou incurables, les remèdes de chwal! », mais selon l’expression inscrite dans votre texte: »Aux grands problèmes, les grands moyens!’‘. Et pour répondre à votre question contextuelle qui est celle de choisir entre le »Far West » et l’Abattoir à ciel ouvert, je choisirais le »Far West », où tout le monde serait à même de se défendre contre les malfrats. Car la défense de soi et/ou de son territoire est un droit sacré/légitime et universel; contrairement à l’esprit occidental et des religions judéo-chrétiennes qui nous enseignent l’obéissance passive, la résignation dans la tourmente, l’enfer sur terre et la maltraitance toute notre vie, contre un morceau de paradis dans l’autre monde, une fois décédé.
Quelle belle façon de nous garder pendant des siècles et des siècles dans l’esclavage et dans l’obscurantisme par notre croyance aveugle dans quelque chose qu’on nous a inculqué depuis l’exploration outrageuse de Christophe Colomb; nous qui sommes, peu de temps après, devenus de fervents pratiquants et croyants de tout acabit! Jusqu’à date, aucun mort n’est jamais venu nous confirmer l’existence d’un paradis dans les cieux.
Nonobstant cette mésaventure qui devait nous servir de leçon d’histoire au point que chaque citoyen haïtien devait songer à la bienveillance d’autrui et à celle de sa famille, tout en étant garant/police de son environnement, en quoi garder une armée avec un fondement impérialiste nous serait utile ?
En ce sens, sauver Haïti, c’est également tenter de dessiller les yeux des colporteurs de mauvais augures, souffrant de cécité, des assoiffés de pouvoir, une bourgeoisie anti-nationaliste, une élite intellectuelle étourdie, sans faire table-rase de la pratique abusive de moult exploiteurs de fervents croyants et pratiquants! Croyants qui se laissent, somme toute, à l’instar grégaire comme des agneaux si doux, trop souvent menés par les animateurs de cohortes et meneurs de religions occidentales, même quand ces derniers n’ont rien à voir avec notre ancestralité ni besoins primaires. Sauf, lorsqu’il leur faut exploiter à outrance celles et ceux qui survivent dans l’obscurantisme et dans la misère abjecte, où l’inculture sied, allègrement. C’est évidemment malheureux, pour un peuple qui fut, jadis, glorieux et ancré dans sa culture ancestrale!
Cela dit, ne devrions-nous pas tous être comptables de l’avancement et du bien-être de notre Patrie, au lieu de jeter l’éponge ou de lancer la serviette, parce que Haïti a failli ?
Étant cette fois, l’un des quasi-adhérents à votre réflexion et la suite de vos idées dans ce texte combien dépouillé de sophismes, je vous répondrais: Oui, démagogique, cette opposition qui se constitue en une véritable marre de farceurs élitistes, se contentant d’analyser la situation surtout précaire du pays et d’envoyer à l’abattoir, nos miséreux. Au vu et au su de tout le monde, je me permets de nous poser cette suite de questions à savoir : à quoi ça sert, toutes ces manifestations pacifiques, sans aucun résultat ? Est-ce pour se montrer capable/ou pour participer à la joute politique ? Dirait-on que le culte de la personnalité s’avère le plus important pour l’Haïtien en transfert de classe /ou en quête de places-VIP?
Vouloir terminer ma réflexion sur une note plus positive, rendrait probablement service à tous les compatriotes dignes de ce nom; ce qui se traduirait, certes par un souhait, tel : qu’Haïti ne devienne aucunement un pays de »Cowboy »/une Somalie dans les Antilles. Mais un pays de Droit, où : l’amour du prochain, l’humanisme, le civisme, la probité, le patriotisme brillent dans le cœur de chacun de nous. Et, pendant que simultanément : la paix, la justice, le progrès et le respect mutuel règneront en maître sur cette aire sacrée que nous ont léguée nos Ancêtres!
Remarque :
1- Contrairement à votre affirmation, le »petit-peuple » n’était pas armé sous les Duvalier. Seuls les macoutes l’étaient.
2- Partout dans le pays, nous avons eu cette tradition d’enterrer nos morts, le lendemain du décès. On faisait la veillée et les pleureuses s’agitaient et se tordaient de douleur, pendant de l’autre côté, les conteurs remuaient le passé du défunt ou de la défunte, à travers des anecdotes et des chansons. Selon cette même tradition, les parents, les voisins et les ami-e-s réunis en famille élargie servaient du thé et du café bien chauds aux éplorés présents.
3- Le port d’armes ne doit pas se faire par sélection.
4- Le pays ne disparaîtra pas, il sera tout simplement sous la gouvernance des bandits qui imposeront leurs propres lois.
5- Il n’y a pas de différence entre une société »Cowboy » et une société abattoir. Car dans une société »Cowboy », c’est le plus félin, le plus habile et le plus rapide à la gâchette qui survit.
Par contre, pour concrétiser ou matérialiser ce projet, dont le vôtre, ou le nôtre, sommes d’accord ; qui d’entre nous, compte emboîter le premier pas ? Concernant nos réflexions et ne voulant surtout pas faire de transfert de responsabilité, voire se déresponsabiliser, je serais enclin à mettre la main à la pâte, sitôt votre prochain signal d’alarme pour tout redresser sur cette »Terre de liberté », selon Jean-Jacques Dessalines-Premier. Utopique, dirait celui qui se nourrit d’idées pessimistes!
En guise de conclusion, sachez : ce que veut le Blanc, le Nègre le veut, qu’il soit nègre à la peau foncée ou nègre à la peau claire ! Et cela a toujours été ainsi. Car, l’obéissance passive et le domptage de notre pulsion-négroïde par un néo colonialiste, sont les conséquences de nos réflexes zombi-fistes et de nos inconséquences.
Patriotiquement vôtre,
- Fritzberg Daléus,
- Natif natal