Policiers.es d’Haïti, par Jean Jackson Michel
Mes dames, messieurs les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH), la seule force légitime du pays. Par humanité et aussi par la reconnaissance de la haute valeur de la vie humaine, et dicté par la réalité de la loi du karma, je vous interpelle aujourd’hui.
Vous avez choisi de faire carrière au sein d’une institution avec une sacrée mission de protéger des vies et des biens. Votre mission est difficile et parfois, elle vous place au mauvais endroit au mauvais moment et conséquemment, vous payez bien souvent l’ultime prix, celui de votre vie. Jetez un regard introspectif sur vos agissements, vos motivations et posez-vous ces questions essentielles :
- Ai-je droit à un logement décent ?
- Ai-je de quoi nourrir ma famille ?
- Mes enfants ont-ils accès à une éducation de qualité?
- Ai-je droit à la sécurité sociale?
- Quel avenir après tout cela ?
- Ai-je un salaire raisonnable me permettant de joindre les deux bouts?
Vous êtes tous issus de la matrice populaire, vous avez en commun : la misère, l’insalubrité, la frustration, l’exploitation et la déshumanisation au quotidien. Vous ne sauriez même pas quoi répondre quand, agonisant sous vos balles assassines, une victime vous demanderait :
- quel est le prix de la vie?
- Pour quel résultat?
Tuer devient pour la majorité d’entre vous une sorte de vengeance contre la vie, un moyen aussi de dégager vos frustrations et de répondre aux attentes malsaines des voleurs de votre bonheur. Vous êtes notre police nationale, celle qui a juré de nous protéger et de nous servir. Être policier est un sacerdoce, non un moyen d’échapper à la misère ou une profession de boucher, de tueur à gages au service des élites politiques et économiques corrompues.
Votre servilité et votre allégeance aveugle aux intérêts mafieux vous éloignent chaque jour davantage de la mission pour laquelle vous avez été appelés et ce faisant, vous vous êtes aliénés, sans aucune admiration, la sympathie des gens de bien. Vous creusez toujours plus profondément un immense fossé et créez deux mondes : Le vôtre et celui de vos semblables avec malheureusement, la même et triste réalité. Vous êtes devenus aujourd’hui par voie de conséquence : “Ennemis du peuple, ennemis de vous-mêmes ”.
Ce cri du cœur et des entrailles n’est qu’un catalyseur, un appel à un réveil de ce qui reste de votre conscience, si elle a été vendue; vous devez la racheter et faire volteface afin de rejoindre votre camp. Votre devise, protéger et servir n’est qu’un camouflet aux yeux de ce peuple meurtri. Car la vérité est que vous êtes armés et enrôlés pour protéger les vies ayant des biens; ceux-là qui se croient les seuls et dignes héritiers de la patrie et qui empêchent la révolte des masses déshumanisées et exploitées.
Vous êtes l’atout de la vraie révolution haïtienne, le véritable verrou au bien-être collectif. Ne vous faites pas complices des voleurs arrogants qui se servent de vous pour terroriser la population et pérenniser un règne désastreux. Ils carburent au gré des caprices de nos faux amis qui en veulent à notre développement et s’allient contre nous pour nous faire payer au prix le plus fort l’exploit d’avoir rendu libre les esclaves, nos ancêtres.
Vous êtes en danger, le malheur vous guette partout. Des gangs armés pullulent et agissent en toute impunité en vertu de ce plan machiavélique ourdi par les tenants de ce système, suivant un agenda bien précis. Outre des excès parfois réprimés en vertu des règles, ces gangs sont également un instrument développé à dessein pour contrebalancer vos influences et aussi grâce à leur puissance de feu effrayante ils finiront par vous imposer la peur : « Le Soldat combat avec plus d’acharnement lorsqu’il a peur », voilà pourquoi vous êtes si acharné à combattre vos propres frères et prêt à tout éliminer, croyant que votre survie en dépend.
J’ai été, je l’avoue un peu long, nécessité oblige, mais ces questions demeurent pertinentes : qui a conçu les manuels militaires, les soldats ?
Votre code déontologique a-t-il été conçu pour vous garantir un changement de vie ?
Le glas de cette entente tant attendue a sonné, police-population pour sauver Haïti.
L’horloge du monde affichera 13:00 et Haïti l’an 1 de l’ère du bonheur.
Jean Jackson Michel