Dans la tête d’un persécuteur…vœu d’avril 2021 par Jean Willer Marius
Les soubresauts de la vie nous piègent souvent malgré nous et nous placent en plein cœur de l’inévitable scène du drame de l’existence. Ce tourbillon fou aux différents sommets du triangle dramatique nous enjoint à jouer tour à tour le rôle du persécuteur, du sauveur ou de la victime. Si aucun rôle n’est définitif, celui du persécuteur est souvent mal perçu et donc on en perd l’essence quand, au nom de la liberté d’expression, on sous-estime les retombées.
Le persécuteur est cette personne qui dévalorise, critique, attaque, ironise. Quand il a plusieurs années d’expérience à son actif, il se transforme en agent destructeur : il souhaite que la carrière professionnelle, la vie familiale, l’existence même de sa victime soient réduites à néant, lui seul en être cause et mourir de plaisir.
Il agit souvent ainsi parce qu’être persécuteur lui permet de se dédouaner de toute responsabilité, c’est toujours la faute de l’autre et non la sienne. Il utilise l’autre, pour pouvoir absorber sa colère débordante, comme un défouloir dans lequel il verse son trop-plein de déceptions, une façon de se revaloriser, car en réalité et contre toute apparence, le persécuteur a une piètre opinion de lui-même. De tempérament imprévisible, il voit les autres comme un écran sur lequel il projette son ressentiment et sa haine de l’existence. Son terrain de chasse favorite, sont les personnes utiles à la société qu’il espère convertir d’abord en victime puis en persécuteur et du même coup transformer la société en un carcan reproduisant le champ de bataille continue qu’il vit dans cette prison qui lui sert de maison.
C’est une personne qui ne sait pas être heureuse dans son existence et qui ne permet pas aux autres de l’être non plus. Ses flèches empoisonnées, habilement conçues ratent rarement leur cible, car ce mélange hétéroclite de mensonge et de vérité a beaucoup de chance d’impacter les esprits qui réagissent au premier degré et a aussi le don de réveiller chez les dupes ce grand persécuteur qui sommeille inconsciemment en chacun de nous.
Que faire ?
Éviter à tout prix de tomber dans ses filets se rappelant que ce sont les victimes qui font les bourreaux et non le contraire. Mais surtout, éviter de sombrer soi-même dans le rôle du persécuteur, car même s’il parait enviable, c’est un rôle toxique qui a déjà brisé des carrières prometteuses, détruit des familles et poussé plus d’un au suicide, ce qui fait du persécuteur un criminel inconscient.
Les mots ont de la valeur, le persécuteur les manie à la perfection. Ce qui échappe souvent à son contrôle, c’est le ravage que ses propos continuent de faire dans les cœurs, dans les familles, dans la société en général et ses impacts inévitables sur les plus jeunes une fois qu’il a le dos tourné. C’est un creuset qui gruge toute l’énergie sur une période qui varie en fonction de la résilience de la victime. Il faudra donc analyser scrupuleusement ses accusations pour trier le vrai du faux. Ajuster son agir face aux critiques sensées et s’en foutre du faux. Dans tous les cas, améliorer sa personnalité pour laisser peu d’espace à son auditoire favori : les réseaux sociaux.
L’utopie d’un monde dénué de persécution
Espérer vivre dans un monde dépourvu de toute espèce de persécutions, de gens et de relations toxiques, revient à croire qu’un jour les nations s’uniront autour d’un idéal commun pour le bien-être collectif. Ce monde polarisé continuera de l’être et cette lutte perpétuelle pour la survie deviendra de plus en plus difficile à mesure que les faiseurs de pluie, beaucoup plus futés, continueront d’avoir voix au chapitre avec la possibilité de réduire au silence les faiseurs de beaux temps.
Les bons livres regorgent de recettes pour se prémunir contre les attaques, la vie elle-même nous a enseigné quelques-unes; il est temps de cesser de les répéter, de les conseiller aux autres, mais de les appliquer dans nos propres vies. Avec un bac en natation, si on ne se jette jamais à l’eau, on ne pourra pas nager. Ne pas appliquer les principes carapaces pour défendre ce bonheur auquel on a droit, c’est donner à l’autre le pouvoir de décider à notre place et cette attitude n’est guère souhaitable.
S’entourer de personne digne et ne pas faire dans la persécution semble être un idéal à atteindre en ces temps de fin des temps.