La démocratie, passera-t-elle son test Covid? Par Jean Willer Marius
Depuis sa naissance au Ve siècle av. J.-C. dans les rues poussiéreuses d’Athènes, la démocratie a toujours été cette tour forte qui abritait les victimes de l’intolérance et du non-respect des valeurs sociales admises par ses champions.
Celui qui a connu les deux expériences préfère de loin vivre sous les cieux cléments de grandes démocraties de la planète, ces terres de liberté et d’opportunités en tous genres qui ne cessent de faire un clin d’œil à l’immigrant.
Le monde, version 2021, est malade. La Covid s’impose en tueuse impitoyable. Les dirigeants du grand monde concertent pour éradiquer ce fléau. Des mesures, de légères à drastiques, sont prises, mais de loin, gronde cette quatrième vague tout aussi tenace que meurtrière qui effraie et semble bien décider à tenir sa promesse de faire le plus grand nombre de victimes possible.
La vaccination, une décision qui divise.
Distanciation sociale, quarantaine, masque, couvre-feu, confinement, on dirait que tout a été tenté. Seul le vaccin semble être une planche de salut pour la survie du plus grand nombre, encore faut-il se l’injecter à plusieurs reprises. Celui qui a envie de voyager, vacciné ou pas, doit se débourser pour effectuer un test au départ, un test au retour et se préparer à toute éventuelle quarantaine. De nouvelles méthodes qui divisent les citoyens et injectent une tension de plus dans les familles. Le pro vaccin affirme que tout le monde ne doit pas mourir à cause d’un petit groupe, il faudra les forcer à se faire inoculer sinon, qu’ils perdent leurs emplois, oubliant dans cet élan, qu’un emploi est souvent synonyme de pain sur la table et d’un toit sur la tête.
L’antivaccin espère que ses lois vont le protéger, car dit-il, il vit en démocratie, son corps lui appartient et toute intrusion dans sa vie privée pour lui obliger à agir est perçue comme une atteinte à sa liberté et une menace contre la démocratie qui garantit le respect des droits de la personne et de la liberté individuelle. Devant la faiblesse des moyens légaux dont il dispose pour se faire entendre, il commence à glisser lentement sur la dangereuse pente de la violence. C’est inacceptable s’indigne le pro-vaccin, cet énergumène mérite d’être remis à sa place par tous les moyens possible et l’observateur avisé remarque que l’un et l’autre semblent oublier les vertus du parler et de l’agir démocrate, qui constituaient jusque-là, des remparts contre l’extrémisme.
Le monde change de face
La Covid nous aura appris que la violence ne serait pas l’apanage d’un peuple ou d’un groupe en particulier. Que chaque être humain est capable du meilleur comme du pire. Mais que, c’est le devoir d’un État fort de placer des balises pour empêcher monsieur tout le monde de donner libre cours à ses pulsions meurtrières souvent enfouies sous la carapace de société développée et civilisée. Les antis-vaccins rappellent à l’État la vertu de la promesse tenue quand il affirmait que la vaccination ne serait pas rendue obligatoire. Ils relèvent le paradoxe entre l’obligation qui y est faite de préciser sur les paquets que la cigarette qui tue mais qu’on continue à en vendre malgré tout avec des taxes perçues par l’État, ce qui délogerait royalement, de leur point de vue, l’obligation de la vaccination dans un contexte de sauver la vie. Les pro-vaccins, c’est évident, finiront par l’emporter, mais ce ne sera sans doute pas sans assener quelques coups motels à la démocratie. Désormais, les citoyens du grand monde vont devoir se résigner à sacrifier certains de leurs droits et privilèges, présage de pertes futures, au bénéfice du plus grand nombre.
Se faire vacciner ou non ne peut-être plus hélas une question de choix personnel. Le collectif n’en démord pas, on va devoir obliger la minorité rebelle, celle qui ne croit plus aux vertus de la science, qui voit le mal partout, prédit l’extinction du monde par la vaccination et pense que les bûchers ne sont pas loin d’être rallumés.