Pourquoi cette Transition ne Peut et ne Va pas Être la Dernière ?
- Par Jean Willer Marius – Aspirant Ministre du Bonheur des Haïtiens
Avant toute chose, allumons une fière chandelle en l’honneur des membres de l’opposition consensuelle qui, pour une fois, se sont tenus debout, quoique bras croisés devant les donneurs d’ordre avec cet élan dessalinien qui nous faisait jusqu’ici défaut pour leur dire : halte-là. Le peuple souverain a parlé point barre. Même s’ils ont commis l’erreur de laisser, à eux et à Sola le faiseur de rois ; vingt-quatre heures pour se prononcer, signe de cette tenace soumission et de leur reconnaissance comme les décideurs du devenir d’Haïti. Une transition s’impose pour arrêter le règne de la bêtise, de l’incompétence et de l’arrogante corruption version PHTK. Mais pourquoi cette transition n’est, et ne sera pas la dernière ?
L’haïtien manque de tout, mais surtout d’espoir avec le leader capable de l’incarner; voilà pourquoi il est accoutumé chez nous de traiter son désespoir à coup de slogan, juste pour faire du buzz et trouver de quoi vêtir notre indigence. Le peuple a besoin de changements radicaux, d’un virage à 3600, de l’abolition de privilèges, de franchises et du droit de cuissage. Que les services se distillent sans considération de classe de couleur d’épiderme ou de nom, que le pays n’ait de maître que lui seul. La jeunesse aspire à des écoles professionnelles et le peuple dans sa souveraineté a besoin de programmes sociaux pour pallier aux jours difficiles qui s’annoncent. La classe moyenne expatriée, qui porte sur ses épaules la misère que les voleurs ont générée en Haïti, a besoin de payer des taxes réelles aux douanes haïtiennes contrôlées par les institutions étatiques pour pouvoir, comme n’importe qui acheter et vendre en Haïti librement. On est très loin de tout cela et tout le monde le sait. On claironne pourtant, pour qu’elle passe mieux, que cette transition va être la dernière comme tijov nous avait promis monts et merveilles.
Les dinosaures qui ont trop longtemps cru être seul maître à bord ne nous laisseront pas faire d’autant que la classe politique actuelle à un titre ou à un autre est tributaire de ces gens-là. Ils ne vont jamais permettre la libéralisation du marché ou la démocratisation du journalisme étant trop confortable de travailler deux à trois heures par jour et de posséder tout ce qui pourrait faire rêver quelqu’un qui bosse très dur pour pouvoir nourrir sa famille.
Cette transition ne sera pas la dernière, car les vrais problèmes ne sont pas posés, les intouchables du système agissent en coulisse et transparaissent à chaque déclaration contrôlée, mesurée de nos leaders, de nos directeurs d’opinion qui lapident le voleur de téléphone dans les manifs et adulent les voleurs de millions en studio. Personne n’ose demander la remise en question des contrats pillards de l’économie haïtienne ni du privilège de l‘exclusif. Personne n’ose citer tous les noms généralement quelconques de ceux-là qui ont participé dans la dilapidation du fonds Petro. Et tant que les vrais problèmes ne sont pas posés, le peuple reprendra la rue encore et encore pour réclamer son droit à la vie et rétablir, en des temps fâcheux s’il le faut, l’indispensable équilibre.
Pourtant cette transition pourrait être la dernière si elle était née d’une véritable révolution et non d’un simple replâtrage. Tant et aussi longtemps que nous continuerons à mettre la population dans les rues comme au 17 octobre 2018 ou au 5 octobre 2019, à demander au président voleur de partir, à quémander des faveurs aux ambassadrices militantes pour nous débarrasser de nos dirigeants corrompus, nous ne serons pas au bout de nos peines et le peuple se fera encore entendre, car l’heure a sonné où l’haïtien doit vivre comme un être à part entière et seul Maître de son destin quand Haïti renaîtra.
Octobre 2019